Les tests effectués sur les versions 1 et 2 du dispositif PARADEP ont permis de mettre en avant les améliorations à apporter pour pouvoir déployer ce dispositif sur les palangriers pélagiques. La version 3_1 du dispositif PARADEP repose sur un principe similaire et est toujours composée de 2 parties : un étui fixé sur l’avançon et une partie mobile comprenant un tore rectangulaire et deux voiles simulant la forme d’un épervier.
1. Description du prototype V3_1
- L’étui
L’étui se présente sous la forme d’un pavé droit en acier inoxydable, avec une base de 8 cm de longueur et de 5 cm de largeur, une hauteur de 13 cm (sans l’ogive en liège qui ajoute une hauteur de 5 cm à l’ensemble). Cette taille permet une bonne prise en main du dispositif, ce qui facilite sa manipulation auprès des pêcheurs. La partie supérieure de l’étui comporte une ogive en liège de 5 cm de hauteur qui permet de compenser la flottabilité négative du dispositif dans l’eau. Ce compartiment en liège en forme de dôme favorise l’hydrodynamisme du dispositif au cours de la remontée de l’avançon pendant le virage. L’étui est fixé sur l’avançon à l’aide d’une pince qui se ferme sur une lame de verrouillage. Ce système permet une accroche rapide sur l’avançon. L’avançon est inséré dans l’étui au travers d’une fente placée sur l’extrémité réduite du tore rectangulaire. Ce dernier est rangé dans la face inférieure de l’étui qui est ouverte. La face inférieure est close par un crochet qui se verrouille sur deux lames ressorts situés sur le bas de la face avant.
- L’épervier
La partie mobile est composée d’un épervier en deux parties (inspiré de la technique de pêche éponyme), attaché sur un anneau rectangulaire métallique comprenant une extrémité réduite ouverte. L’épervier correspond à deux pièces pyramidales découpées dans un filet tricoté en polyéthylène haute densité (PEHD). Cette découpe a été privilégiée pour diminuer le volume du filet pour permettre son insertion dans l’étui. Le filet en PEHD présente plusieurs avantages : un faible coût, un poids léger, une résistance à la rupture élevée et une imputrescibilité malgré des immersions prolongées dans l’eau de mer lui conférant une certaine durabilité. De plus, le filet permet une couverture visuelle intéressante et un faible taux d’emmêlement.
La pièce pyramidale de 100 cm de base a été lestée de 60 g par des olives en plomb. Un ourlet de 10 cm en tissu polyester est cousu au bas de chaque élément pour protéger les olives en plomb et limiter le risque d’emmêlement du filet avec les olives. Cet ourlet doit également maintenir l’épervier ouvert, l’écarter de l’avançon lors de sa descente le long de l’avançon vers la capture, puis aider au plaquage de l’épervier sur le corps du poisson capturé.
Le déclenchement du dispositif se fait par une traction sur l’avançon par le poisson hameçonné, ce qui entraîne une pression de l’anneau rectangulaire sur les lames ressorts et engendre leur déverrouillage puis la libération de l’anneau rectangulaire et de l’épervier. L’anneau rectangulaire équipé de l’épervier coulisse alors le long de l’avançon jusqu’au poisson. L’épervier se déploie ensuite autour du poisson afin de le couvrir.
2. Protocole des tests
Sur une ligne mère de 35 m de long, les 6 avançons de 7,5m de longueur sont déployés à une distance de 6 mètres les uns des autres. La ligne mère est maintenue à la surface par plusieurs bouées, installées tous les deux avançons sur la ligne, pour qu’elle ne coule pas sous le poids des dispositifs. Une ancre de 15 kg est fixée sous la bouée pour immobiliser le montage. Sur chaque avançon, un exemplaire de chaque prototype de la V3 est accroché. Des maquettes de poissons en résine ont été fixés à l’extrémité des 6 avançons afin de simuler le poisson capturé. L’avançon est accroché avec un snap sur la corde en surface, faisant office de ligne mère.
Une fois le montage immergé, trois plongeurs équipés de caméras sous-marines se mettent à l’eau. Pour chaque prototype, le plongeur (A) équipé d’une caméra filme des images du comportement du dispositif en contre-plongée. Il déclenche le dispositif en exerçant une tension sur le bas de l’avançon pour simuler une capture. A chaque déclenchement de dispositif, la partie mobile coulisse le long de l’avançon jusqu’à l’hameçon tandis que la partie fixe (étui) reste accrochée en haut de l’avançon. Le plongeur (B) filme le déclenchement et suit la descente du dispositif jusqu’à ce que l’épervier soit déployé autour du poisson. Le plongeur (C) filme l’ensemble de la manipulation pour fournir une vision globale du fonctionnement du prototype et de l’expérimentation.
Si la partie mobile (anneau + épervier) se bloque au cours de sa descente le long de l’avançon, le plongeur (B) montre à la caméra le nom du prototype et la source du blocage. Ensuite, le plongeur (A) tire à nouveau sur le bas de l’avançon pour essayer de le débloquer. Son intervention permet de vérifier si le mouvement d’un poisson capturé permettrait de débloquer le dispositif. S’il n’y parvient pas, le plongeur (B) débloque le dispositif afin de terminer le protocole.
3. Résultats des tests
- La version 3 du dispositif PARADEP se rapproche des prérequis du projet PARADEP. La taille et le poids dans l’eau de la V3 correspondent relativement bien aux critères d’acceptabilité communiqués par les professionnels de la pêche. La taille relativement petite du dispositif favorise une manipulation facile et rapide et un encombrement moindre sur l’avançon. De plus, la compensation de la flottabilité négative par le liège amoindrit le poids de la partie mobile (tore rectangulaire et épervier lesté). Le comportement du dispositif immergé était satisfaisant, celui-ci est bien resté vertical.
- Les tests ont démontré que le système d’accroche de l’étui sur l’avançon est un mécanisme rapide et simple à utiliser, mais son manque de fiabilité demande quelques améliorations. A plusieurs reprises, l’avançon s’est dérobé de sa gorge de guidage qui devait le maintenir au milieu de l’étui et a provoqué le glissement de l’étui le long de l’avançon. De même, l’étui a glissé le long de l’avançon sans que ce dernier ne soit sorti de la gorge. Dans les deux cas, le problème identifié est certainement dû aux manques de pression de la pince et de profondeur de l’encoche de maintien de l’avançon.
- Le tore rectangulaire de la V3 n’a pas pu être équipé d’un système ouverture – fermeture à ressort qui équipe classiquement un mousqueton. Le passage de l’avançon dans le tore a donc été assuré par une fente découpée dans le renflement du tore qui sort de l’étui. Cette fente augmente les risques de sortie de l’avançon ainsi que l’emmêlement de l’épervier qui passerait au travers de la fente. Un tore rectangulaire fermé équipé d’un système d’ouverture – fermeture à ressort ou équivalent par rapport aux résultats attendus s’est révélé indispensable.
- La matière des filets en polyéthylène haute densité (PEHD) s’est révélée satisfaisante, elle ne retient pas l’eau et conserve son poids après immersion. C’est une matière résistante, durable dans le temps, traitée pour être résistante aux UV et imputrescible. Cependant, le déploiement des éperviers ne s’est pas révélé satisfaisant lors des tests, cela pour plusieurs raisons : l’épervier occupe un volume trop important dans l’étui et n’en sort pas de façon fluide, la découpe des filets en forme pyramidale n’a pas permis un bon déploiement autour du poisson, l’ourlet en polyester est fragile et a tendance à se découdre et se déchirer, le lestage des éperviers est trop important et a contribué au mauvais déploiement des voiles. De plus, le dispositif a été immergé sur une courte durée. Un temps d’immersion plus long, comme ce sera le cas dans les conditions réelles de pêche à la palangre, permettrait sans doute un meilleur déploiement de l’épervier, qui sera soumis aux courants, aux turbulences et aux mouvements du poisson qui entraîneront son ouverture.
Le compte-rendu de ces tests est accessible ci-dessous :
4. Perspectives
Cette version V3 se rapproche certainement de la version finale attendue par le projet. Quelques modifications sont encore requises, mais dans l’ensemble, les spécifications déterminées dans le cahier des charges ont été respectées lors de la conception de cette dernière version de l’étui. Le travail qu’il reste à effectuer pour parvenir à une version finale du prototype concerne :
- la modification du tore rectangulaire en un système de mousqueton circulaire
- le renforcement des lames ressorts et de la pince de maintien de l’étui sur l’avançon,
- le développement d’un bourrelet pour assurer un effet levier sur le mousqueton pour l’ouverture du système de fermeture de l’étui,
- la recherche d’un filet adéquat pour l’épervier et sa conception (forme, lestage, taille et tissu pour l’ourlet), afin qu’il occupe le moins de volume possible dans l’étui tout en offrant une protection satisfaisante de la capture,
- l’ajout de segments de fil fin en acier inoxydable sur l’épervier pour en améliorer l’ouverture et la rigidité, et rajouter un effet protecteur lorsque les mammifères marins font de l’écholocation en modifiant la signature acoustique de la capture par l’utilisation de métal
La nouvelle version de l’étui tenant compte des modifications demandées a été réceptionnée mi-décembre 2020. Le filet avec la densité adéquate a également été identifié : il s’agit d’un filet en PEHD avec des mailles de 16mm de côté et un diamètre de fil de 0.8 mm. Un premier aperçu du comportement de l’étui V3_1 et du nouveau filet est visible à la fin de la vidéo suivante :