La BDRI (Bottlenose Dolphin Research Institute) a organisé la 34è Conférence annuelle de l’ECS à O Grove, Galice, en Espagne du 16 au 20 Avril 2023 (https://www.europeancetaceansociety.eu/conference/34th-annual-conference-galicia-spain). Le thème de la conférence était « Nos Océans, Notre Futur : Ecologie comportementale des mammifères marins et utilisation durable des ressources marines ». Cette conférence a rassemblé 500 scientifiques appartenant à différentes institutions et travaillant dans divers domaines relatifs à la conservation, l’écologie ou la biologie des mammifères marins dans les eaux européennes (incluant donc l’outre-mer français). Le programme a inclus 2 jours de workshops et 3 jours de sessions plénaires et de présentations de posters.
C’est dans ce cadre que notre travail dans le cadre d’ESCOD a été présenté, et plus particulièrement une partie des résultats issus de l’analyse des entretiens menés auprès des pêcheurs réunionnais à la palangre pélagique sur leur perception de la déprédation par les odontocètes. Le support de présentation était un poster présentant le contexte, la problématique et les résultats. La dernière version du dispositif PARADEP a également été présentée. Notre travail a intéressé plusieurs personnes, principalement celles impliquées dans les thèmes de la conservation.
Des échanges ont eu lieu avec des scientifiques travaillant sur les interactions négatives entre la pêche et les mammifères marins. La plupart des travaux présentés sur cette thématique concernait les captures accidentelles de mammifères marins, en particulier celles impliquant la pêche au chalut ou au filet maillant. Pour ces pêcheries, les méthodes de mitigation utilisées sont essentiellement des dispositifs acoustiques et PARADEP ne présente pas d’intérêt pour elles. Néanmoins, une équipe travaillant sur la déprédation impactant les pêcheries artisanales dans les Canaries (ligne à main, palangre, canneur) pourrait potentiellement être intéressée par PARADEP lorsqu’une version commercialisable sera disponible.
Une information intéressante est ressortie des différents échanges : la déprédation par les mammifères marins est absente de la zone Méditerranée centrale comprise entre le Portugal et l’Italie. Elle impacte surtout les pêcheries opérant dans la Méditerranée orientale (Sicile, Chypre, Grèce), la zone des Canaries, le détroit de Gibraltar ou les côtes marocaines. Par ailleurs, les principales espèces impliquées dans la déprédation sont les petits delphinidés, l’orque et le faux-orque.
Enfin, la partie Atlantique orientale bordant les côtes portugaises (notamment) sont une zone de cooccurrence des globicéphales noirs et tropicaux, et il semble que ces deux espèces ne soient pas impliquées, ou très peu, dans la déprédation (contrairement à l’Atlantique occidentale bordant les côtes brésiliennes, où le globicéphale tropical fait partie des déprédateurs des pêcheries palangrières pélagiques). Ces informations sont particulièrement intéressantes pour le projet ESCOD et la comparaison avec la déprédation impactant la pêcherie palangrière réunionnaise dans l’Océan Indien.
Notre participation à cette conférence a été l’occasion de faire connaître nos thématiques de recherche à d’autres équipes européennes, de collecter des informations sur l’occurrence de la déprédation et les espèces impliquées, et d’identifier des pêcheries qui pourraient utiliser le dispositif PARADEP.
Le poster présenté peut être téléchargé à cette adresse.