Dans le cadre de son stage (https://paradep.com/tests-des-dispositifs/), Célya Martial a mené des entretiens auprès de professionnels en parallèle de ses activités sur les tests de l’innovation PARADEP. Au cours de ces entretiens, elle a recueilli des variables sociologiques et elle a mené des entretiens semi-dirigés afin d’évaluer leur perception 1) de la déprédation passée et actuelle, 2) des requins et mammifères marins avec lesquels ils interagissent, sonder leurs connaissances sur la biologie et l’écologie de ces prédateurs et des enjeux de conservation dont ils font l’objet, leur ressenti subjectif sur les pertes qu’ils subissent, leurs pratiques de pêche et les méthodes qu’ils mettent en œuvre pour limiter les interactions, 3) leur avis sur l’utilisation de PARADEP.
Ce savoir des pêcheurs, malheureusement souvent sous-estimé, est pourtant précieux car il s’est construit sur des expériences de long terme, fruit d’échanges dans un réseau restreint et bien souvent inaccessibles autrement que via des interviews. Elles permettent donc d’acquérir de nouvelles connaissances sur les itinéraires, les pratiques de pêche et les stratégies des pêcheurs face à la déprédation.
Cependant, compte tenu de l’arrivée tardive des dispositifs et de la date de fin de projet, seuls 4 interviews ont pu être menés. Les données collectées durant ces interviews seront analysées avec celles d’entretiens menés au cours de précédents programmes et feront l’objet d’une publication scientifique à venir.
Les nouveaux dispositifs ont été produits en série fin 2022 (300 prototypes au total) et ont été testés en conditions opérationnelles à bord de palangriers au cours de 2 marées : une première marée en Mars 2023 à bord d’un catamaran de notre partenaire ENEZ DU (73 dispositifs embarqués, 20 jours dans le Canal du Mozambique et dans les Glorieuses) et une seconde marée en Mai 2023 à bord d’un monocoque (20 dispositifs embarqués, 3 jours dans les eaux de La Réunion). Les embarquements ont été réalisés par Célya Martial (ingénieure stagiaire halieute à l’Institut Agro de Rennes), aidée au cours de la première marée par Nicolas Guillon, observateur embarqué. Le protocole de déploiement a consisté à répartir les dispositifs sur les premières sections de la palangre afin de comparer l’effet de leur présence sur la capturabilité et la déprédation avec les sections sans dispositifs. Les dispositifs ont été préparés en amont par Célya à partir d’avançons rangés dans une caisse, et les avançons ainsi équipés ont été transmis aux matelots chargés de les accrocher et de les mettre à l’eau.
Au total, 7 filages avec déploiement de dispositifs ont été réalisés au cours de la première marée, et 1 filage avec dispositifs au cours de la seconde marée. Au total, 229 avançons ont été équipés et 5 poissons ont été capturés sur des avançons équipés de dispositifs.
Le bilan des tests a été mitigé pour différentes raisons, et même si la conception du dispositif a été simplifiée, des difficultés de prises en main ont tout de même été constatées :
- les boîtiers s’ouvrent souvent de façon intempestive (sans capture) pendant le filage et le virage
- les boîtiers sont relativement fragiles (pertes du couvercle, soudures à renforcer)
- l’installation et la désinstallation des dispositifs conduisent à un ralentissement du filage et du virage
- le passage de l’avançon dans le mousqueton reste compliqué
- le système de taquets destiné à fixer le dispositif sur l’avançon est inopérant
- l’avançon se tord au fur et à mesure que le dispositif est utilisé
- l’opération de filage est rendue plus compliquée et nécessite la présence d’une main d’œuvre supplémentaire
- les captures sont mal protégée par les filets qui ne sont pas assez couvrants
Le principal problème soulevé lors de ces tests est la perte d’une grande partie des dispositifs embarqués (perte en mer ou dispositifs rendus inopérants car perte de couvercle, points de soudure qui lâchent…). Il a même été nécessaire de renforcer les étuis avec du serflex au cours de la première marée. Ces tests ont cependant permis à l’innovation PARADEP d’être en passe d’atteindre le niveau 5, qui correspond à la validation dans un environnement significatif sur l’échelle TRL (Technology Readiness Level, ou degré de maturité technologique).
Néanmoins, ces tests ont permis de mieux appréhender l’utilisation de nos dispositifs en conditions commerciales et identifier les points critiques qui doivent impérativement être modifiés avant la mise sur le marché d’un prototype opérationnel (correspondant au niveau maximal 9 sur l’échelle TRL : système réel prouvé à travers des opérations réussies).
Suite aux résultats des essais des précédents prototypes du dispositif PARADEP (pour rappel, 5 étuis et une vingtaine de filets au total ont été testés au cours du projet), une version finale tenant compte des limitations précédemment identifiées a été produite et testée en conditions commerciales à La Réunion. Ce nouveau dispositif se compose d’un étui cylindrique fabriquée par injection plastique et de deux filets tricotés rectangulaires en polyester attachés à un mousqueton spécialement développé pour le projet. Plusieurs points ont été améliorés par rapport aux versions précédentes, notamment :
- la taille de l’étui a été réduite et se rapproche maintenant des dimensions d’une demi-canette de soda (7 cm de hauteur et 8,5 cm de diamètre)
- le système d’attache de l’étui à l’avançon a été simplifié et prend maintenant la forme de taquets
- le mousqueton a été amélioré et répond davantage aux attentes des professionnels en termes de facilité d’utilisation
Le filet retenu est celui précédemment testé à La Réunion (lien), pour lequel nous avons validé le comportement et la densité. C’est d’ailleurs la faible densité de ce nouveau filet qui nous a permis de réduire drastiquement la taille de l’étui, tout en conservant la même surface de protection. L’amélioration la plus notable repose donc sur cette réduction des dimensions générales du dispositif et de sa prise en main facilitée comparativement aux prototypes précédents.
Le dispositif étant en cours de déclaration d’invention, les photos détaillées du nouveau dispositif seront mises en ligne ultérieurement.
Le premier workshop international sur la protection des captures impactées par la déprédation par les mammifères marins a eu lieu en ligne le 9 février 2022. Ce groupe de travail organisé par l’International Pacific Halibut Commision a rassemblé plusieurs chercheurs, ingénieurs, pêcheurs, gestionnaires et universitaires travaillant sur différentes interactions entre pêcheries et prédateurs supérieurs. De nouvelles approches pour protéger les poissons capturés sur les engins de pêche ont été présentées auprès d’un large auditoire. L’objectif de ce workshop a été d’échanger des informations sur les outils et les approches qui ont fait leurs preuves (ou non), et de réfléchir à des idées et des concepts nouveaux ou modifiés à tester sur le terrain.
Le programme du workshop est accessible à ce lien :
Le rapport issu de ce workshop est disponible ci-dessous :
L’enregistrement du webinaire est également disponible et visionnable sur le site de l’IPHC : https://www.iphc.int/venues/details/1st-international-workshop-on-protecting-fishery-catches-from-whale-depredation-ws001
Nous remercions le Dr Claude Dykstra, chercheur à l’IPHC, pour nous avoir invités à présenter les avancées du projet PARADEP (présentation visible dans l’enregistrement ci-dessus).
Plusieurs filets différents ont été testés depuis le début du projet PARADEP, mais aucun d’entre eux n’a donné satisfaction en termes de comportement et/ou de déploiement :
- lin (non conçu pour une utilisation en milieu marin)
- monofilament (se détend, s’emmêle et ne se déploie pas comme attendu)
- plusieurs modèles de filets en PEHD (trop rigides et trop volumineux)
- polyester (trop volumineux)
- nylon (trop volumineux)
Le test des nouveaux filets fournis par l’entreprise DMR Rubans (http://www.dmr-rubans.com) a eu lieu le 09 Février 2022 au large du Port (La Réunion). Deux modèles de filets en polyester à faible densité ont été testés. L’objectif de ces dernières expérimentations a été d’étudier le comportement de ces filets au cours de leur descente le long d’un avançon de 15m. Ces tests ont été réalisés par deux plongeurs équipés de caméras, qui ont enregistré des images de leur déploiement. Le club de plongée Dodo Palmé (https://dodopalme.fr/) a fourni les moyens logistiques et l’appui humain à Marc Soria pour mener les tests des éperviers.
Quatre modèles d’éperviers pour trois tailles de voiles différentes ont été conçues. Le détail des différentes configurations sont spécifiées dans le rapport de mission . Lors des tests, chaque épervier a été rangé dans une boite métallique attachée à un avançon d’une longueur de 15m, lui-même attaché à une bouée au moyen d’un snap. L’ensemble du système a ensuite été mis à l’eau. Sous l’effet de la gravité et du poids du mousqueton, l’épervier est extrait de la boîte et coulisse le long de l’avançon. Deux plongeurs équipés de caméras ont filmé la descente de l’épervier le long de l’avançon : un plongeur en a suivi le comportement durant la descente, l’autre plongeur a filmé l’expérimentation en plan large.
La descente des éperviers est fluide et les voiles, du fait de leur légèreté, sont entraînées par le mousqueton qui sert de lest (vidéo de la descente à la fin de l’article). Les voiles évoluent librement, et ne sont pas solidaires l’une de l’autre, à l’inverse du PEHD. Au cours de 3 descentes d’épervier sur les 5 opérées, les mailles avaient tendance à se prendre sur le bout de l’avançon qui ressort du sleeve. Il est donc important de noter que le moindre élément qui pourrait dépasser sur l’avançon pourrait entraîner un emmêlement du filet. Cependant, il est possible qu’avec le courant ou les mouvements du poisson, le filet se libère par lui-même.
Des essais portant sur la résistance des filets ont été menés, en tirant fortement dessus pour les déchirer. Le filet mono-brin s’est déchiré sans difficulté. En revanche, le filet double-brin a été beaucoup plus résistant et ne s’est pas déchiré. Ainsi, même si le filet mono-brin est plus fin et occupe un moindre volume, nous retiendrons le filet double-brin pour le prototype final pour sa solidité.
Le filet double-brin fourni l’entreprise DMR Rubans a répondu aux attentes du projet et permet une réduction significative du volume occupé et de la taille de l’étui, induisant de fait une simplification et une miniaturisation du prototype final (v4) qui sera conçu par la SATIM.
Le rapport détaillé de la mission et des résultats est téléchargeable ici :
Des flyers de présentation du projet PARADEP ont été conçus et sont librement téléchargeables. Ces flyers à l’intention des professionnels, des décideurs, des scientifiques et du grand public présentent les enjeux de la déprédation, les objectifs du projet et la description du prototype (version non finale).
Dans le cadre de son stage, Jordane Limonet a effectué une mission à La Réunion du 19 au 30 septembre 2021. L’objectif de cette mission a été de mener des interviews auprès de pêcheurs professionnels, sur la base de la grille d’entretien qu’elle a conçue au cours de son stage. Cette grille d’entretien porte sur différentes rubriques : le métier de pêcheur, la connaissance et la perception de la déprédation et les techniques de réduction de la déprédation. Des variables sociologiques ont également été enregistrées.
En tout, 15 entretiens d’une durée de 30 minutes à 1h30 ont été menés auprès de capitaines de pêche. Les entretiens ont été menés à bord des bateaux ou sur le port de pêche. Tous les pêcheurs interrogés sont professionnellement basés dans la ville du Port.
Les données seront exhaustivement exploitées prochainement. Des résultats préliminaires sont néanmoins disponibles dans le rapport de mission de Jordane, téléchargeable ci-dessous :
Jordane a pu mener à bien ses entretiens grâce à l’aide précieuse de l’armement ENEZ, NEXA-CITEB et le CRPMEM. Nous les remercions chaleureusement pour leur collaboration.
Jordane Limonet, étudiante Intechmer, a effectué son stage de fin d’études dans le cadre du projet PARADEP pour l’obtention de son diplôme de cadre technique Génie de l’environnement marin. Plusieurs tâches lui ont été confiées :
- analyse des vidéos des essais des prototypes V3_2 menés à La Réunion en mars 2021
- participation à la recherche d’un nouveau matériau pour la réalisation des éperviers, les précédents filets testés n’ayant pas été satisfaisants
- préparation d’une mission à La Réunion sur la question de l’acceptabilité d’une nouvelle technologie par les pêcheurs
Analyse des vidéos des essais des prototypes V3_2
L’analyse des vidéos fait suite à la mission de Marc Soria menée à La Réunion en collaboration avec Nicolas Guillon (Nexa-CITEB) et le Dodo Palmé. A l’issue de ce travail, Jordane a pu comparer les versions V3_1 (testée en juillet 2020) et V3_2 (testée en mars 2021) des prototypes et apprécier les améliorations apportées sur le dernier modèle. Parmi les améliorations constatées, une ouverture plus fluide de l’étui, une meilleure flottabilité, un meilleur maintien du boîtier sur l’avançon est assuré par une lame-ressort qui a subi une rigidification et aux encoches réalisées au dos du boîtier qui maintiennent davantage l’avançon. La forme du mousqueton a également été modifiée, permettant une meilleure sortie des éperviers. En revanche, des modifications doivent encore être apportées au boîtier afin d’améliorer sa maniabilité. Des modifications du système d’ouverture du mousqueton et de sa rigidité sont encore indispensables, ainsi que la modification du système d’accroche sur l’avançon. Par ailleurs, le PEHD, matériau choisi pour la conception des éperviers, est trop rigide pour satisfaire les fonctions du dispositif. Par conséquent, les filets restent repliés sur eux-même lorsqu’ils sortent du boîtier et ne se déploient pas.
Recherche d’un nouveau matériau pour les filets éperviers
Compte tenu de l’inadéquation du matériau choisi, Jordane a prospecté des fournisseurs en industrie textile afin d’obtenir des échantillons de filets en nylon. Elle a testé le comportement dans l’eau des échantillons obtenus. Des sorties en mer ont donc été organisées afin de tester le comportement de déploiement et de recouvrement des filets avec l’association Odyssée (https://www.odyssee-sub.org). L’analyse des vidéos enregistrés au cours de ces différents tests a montré que les nouveaux matériaux ont montré de meilleurs résultats que le PEHD, notamment sur la question du déploiement. Ces résultats encourageants nous décident à rester sur le matériau identifié et son fournisseur. Cependant, le volume occupé par les filets reste encore trop important. Un dernier filet a été récemment identifié, et semble correspondre à nos attentes en terme de volume utile, ce qui permettra d’optimiser le rapport volume/taille de l’étui, permettant une meilleure maniabilité de celui-ci. Les tests portant sur ce dernier filet s’effectueront à La Réunion en janvier 2022.
Acceptabilité d’une nouvelle technologie par les pêcheurs
Afin de facilité l’acceptabilité d’une technologie auprès des pêcheurs, une bonne communication doit être faite en amont. Un questionnaire destiné aux pêcheurs réunionnais a donc été réalisé, et porte sur la perception de la déprédation par ces derniers et ses conséquences, et sur leur enclin à adopter ou non une nouvelle technologie pour pallier à ce problème. Le déroulement des enquêtes menées par Jordane sera abordé plus en détails dans un article à suivre.
Le rapport de stage de Jordane est accessible ci-dessous :
Suite aux tests menés sur la version 3 des prototypes PARADEP en Décembre 2020, les dernières modifications précédemment requises ont été apportées à l’étui. Un nouveau modèle de mousqueton a également été produit, ce dernier étant maintenant de forme circulaire. La forme générale de l’étui n’a en revanche pas évolué. La majeure modification a porté sur le filet utilisé pour concevoir l’épervier. Pour ces tests, notre choix s’est porté sur un filet en polyéthylène haute densité (PEHD) avec des mailles de 16mm de côté. Des segments de métal ont été rajoutés aux filets afin d’en améliorer le déploiement et l’ouverture. Nous avons également modifié la forme de l’épervier et avons choisi deux voiles rectangulaires. Deux dimensions de voiles ont été testées : 100cm*80cm et 100cm*60cm.
Compte tenu des restrictions sanitaires empêchant de mener les expérimentations sur le terrain en Métropole, les tests de cette dernière version du prototype ont été menés fin Mars 2021 à La Réunion par Marc Soria, Nicolas Guillon (NEXA CITEB et collaborateur du projet, http://www.nexa.re/accueil/) et le club de plongée Dodo Palmé (https://dodopalme.fr/). Les expérimentations ont été menées au cours de 4 demi-journées. Le protocole mis en œuvre est similaire aux protocoles utilisés précédemment : 3 plongeurs se mettent à l’eau et filment le comportement des prototypes, depuis leur déclenchement jusqu’à leur descente au niveau de l’hameçon. Des tests de déclenchements intempestifs au cours de simulations de filage et de virage ont aussi été effectués.
Les vidéos sont en cours d’analyse par notre nouvelle stagiaire Jordane Limonet (3è année Intechmer, en stage dans le cadre du projet d’Avril à Septembre 2021). Néanmoins, les premiers résultats indiquent que les étuis et le mousqueton nécessitent encore quelques ajustements avant d’être pleinement fonctionnels. Ces demandes d’améliorations ont été transmises au bureau d’étude en charge de la conception du dispositif, et sont en train d’être prises en compte pour la prochaine version. Par ailleurs, le matériau choisi pour le filet montre une trop grande rigidité qui ne lui permet pas de se déployer comme nous l’attendons. Nous poursuivons donc notre recherche du filet adéquat. Un modèle que nous avons identifié comme potentiellement intéressant nous sera livré prochainement et nous pourrons alors reprendre nos tests.
Cet article sera mis à jour dès que les résultats issus de l’analyse exhaustive des images seront disponibles.
MàJ : Les résultats des analyses vidéos sont accessibles dans le rapport de stage de Jordane Limonet, téléchargeable ci-dessous :
Une vidéo du déploiement du dispositif est visible à la fin de cet article.
Nous remercions très chaleureusement les plongeurs du Dodo Palmé ainsi que Marc Soria et Nicolas Guillon pour leur participation active à ces tests sur le terrain.
Les tests effectués sur les versions 1 et 2 du dispositif PARADEP ont permis de mettre en avant les améliorations à apporter pour pouvoir déployer ce dispositif sur les palangriers pélagiques. La version 3_1 du dispositif PARADEP repose sur un principe similaire et est toujours composée de 2 parties : un étui fixé sur l’avançon et une partie mobile comprenant un tore rectangulaire et deux voiles simulant la forme d’un épervier.
1. Description du prototype V3_1
- L’étui
L’étui se présente sous la forme d’un pavé droit en acier inoxydable, avec une base de 8 cm de longueur et de 5 cm de largeur, une hauteur de 13 cm (sans l’ogive en liège qui ajoute une hauteur de 5 cm à l’ensemble). Cette taille permet une bonne prise en main du dispositif, ce qui facilite sa manipulation auprès des pêcheurs. La partie supérieure de l’étui comporte une ogive en liège de 5 cm de hauteur qui permet de compenser la flottabilité négative du dispositif dans l’eau. Ce compartiment en liège en forme de dôme favorise l’hydrodynamisme du dispositif au cours de la remontée de l’avançon pendant le virage. L’étui est fixé sur l’avançon à l’aide d’une pince qui se ferme sur une lame de verrouillage. Ce système permet une accroche rapide sur l’avançon. L’avançon est inséré dans l’étui au travers d’une fente placée sur l’extrémité réduite du tore rectangulaire. Ce dernier est rangé dans la face inférieure de l’étui qui est ouverte. La face inférieure est close par un crochet qui se verrouille sur deux lames ressorts situés sur le bas de la face avant.
- L’épervier
La partie mobile est composée d’un épervier en deux parties (inspiré de la technique de pêche éponyme), attaché sur un anneau rectangulaire métallique comprenant une extrémité réduite ouverte. L’épervier correspond à deux pièces pyramidales découpées dans un filet tricoté en polyéthylène haute densité (PEHD). Cette découpe a été privilégiée pour diminuer le volume du filet pour permettre son insertion dans l’étui. Le filet en PEHD présente plusieurs avantages : un faible coût, un poids léger, une résistance à la rupture élevée et une imputrescibilité malgré des immersions prolongées dans l’eau de mer lui conférant une certaine durabilité. De plus, le filet permet une couverture visuelle intéressante et un faible taux d’emmêlement.
La pièce pyramidale de 100 cm de base a été lestée de 60 g par des olives en plomb. Un ourlet de 10 cm en tissu polyester est cousu au bas de chaque élément pour protéger les olives en plomb et limiter le risque d’emmêlement du filet avec les olives. Cet ourlet doit également maintenir l’épervier ouvert, l’écarter de l’avançon lors de sa descente le long de l’avançon vers la capture, puis aider au plaquage de l’épervier sur le corps du poisson capturé.
Le déclenchement du dispositif se fait par une traction sur l’avançon par le poisson hameçonné, ce qui entraîne une pression de l’anneau rectangulaire sur les lames ressorts et engendre leur déverrouillage puis la libération de l’anneau rectangulaire et de l’épervier. L’anneau rectangulaire équipé de l’épervier coulisse alors le long de l’avançon jusqu’au poisson. L’épervier se déploie ensuite autour du poisson afin de le couvrir.
2. Protocole des tests
Sur une ligne mère de 35 m de long, les 6 avançons de 7,5m de longueur sont déployés à une distance de 6 mètres les uns des autres. La ligne mère est maintenue à la surface par plusieurs bouées, installées tous les deux avançons sur la ligne, pour qu’elle ne coule pas sous le poids des dispositifs. Une ancre de 15 kg est fixée sous la bouée pour immobiliser le montage. Sur chaque avançon, un exemplaire de chaque prototype de la V3 est accroché. Des maquettes de poissons en résine ont été fixés à l’extrémité des 6 avançons afin de simuler le poisson capturé. L’avançon est accroché avec un snap sur la corde en surface, faisant office de ligne mère.
Une fois le montage immergé, trois plongeurs équipés de caméras sous-marines se mettent à l’eau. Pour chaque prototype, le plongeur (A) équipé d’une caméra filme des images du comportement du dispositif en contre-plongée. Il déclenche le dispositif en exerçant une tension sur le bas de l’avançon pour simuler une capture. A chaque déclenchement de dispositif, la partie mobile coulisse le long de l’avançon jusqu’à l’hameçon tandis que la partie fixe (étui) reste accrochée en haut de l’avançon. Le plongeur (B) filme le déclenchement et suit la descente du dispositif jusqu’à ce que l’épervier soit déployé autour du poisson. Le plongeur (C) filme l’ensemble de la manipulation pour fournir une vision globale du fonctionnement du prototype et de l’expérimentation.
Si la partie mobile (anneau + épervier) se bloque au cours de sa descente le long de l’avançon, le plongeur (B) montre à la caméra le nom du prototype et la source du blocage. Ensuite, le plongeur (A) tire à nouveau sur le bas de l’avançon pour essayer de le débloquer. Son intervention permet de vérifier si le mouvement d’un poisson capturé permettrait de débloquer le dispositif. S’il n’y parvient pas, le plongeur (B) débloque le dispositif afin de terminer le protocole.
3. Résultats des tests
- La version 3 du dispositif PARADEP se rapproche des prérequis du projet PARADEP. La taille et le poids dans l’eau de la V3 correspondent relativement bien aux critères d’acceptabilité communiqués par les professionnels de la pêche. La taille relativement petite du dispositif favorise une manipulation facile et rapide et un encombrement moindre sur l’avançon. De plus, la compensation de la flottabilité négative par le liège amoindrit le poids de la partie mobile (tore rectangulaire et épervier lesté). Le comportement du dispositif immergé était satisfaisant, celui-ci est bien resté vertical.
- Les tests ont démontré que le système d’accroche de l’étui sur l’avançon est un mécanisme rapide et simple à utiliser, mais son manque de fiabilité demande quelques améliorations. A plusieurs reprises, l’avançon s’est dérobé de sa gorge de guidage qui devait le maintenir au milieu de l’étui et a provoqué le glissement de l’étui le long de l’avançon. De même, l’étui a glissé le long de l’avançon sans que ce dernier ne soit sorti de la gorge. Dans les deux cas, le problème identifié est certainement dû aux manques de pression de la pince et de profondeur de l’encoche de maintien de l’avançon.
- Le tore rectangulaire de la V3 n’a pas pu être équipé d’un système ouverture – fermeture à ressort qui équipe classiquement un mousqueton. Le passage de l’avançon dans le tore a donc été assuré par une fente découpée dans le renflement du tore qui sort de l’étui. Cette fente augmente les risques de sortie de l’avançon ainsi que l’emmêlement de l’épervier qui passerait au travers de la fente. Un tore rectangulaire fermé équipé d’un système d’ouverture – fermeture à ressort ou équivalent par rapport aux résultats attendus s’est révélé indispensable.
- La matière des filets en polyéthylène haute densité (PEHD) s’est révélée satisfaisante, elle ne retient pas l’eau et conserve son poids après immersion. C’est une matière résistante, durable dans le temps, traitée pour être résistante aux UV et imputrescible. Cependant, le déploiement des éperviers ne s’est pas révélé satisfaisant lors des tests, cela pour plusieurs raisons : l’épervier occupe un volume trop important dans l’étui et n’en sort pas de façon fluide, la découpe des filets en forme pyramidale n’a pas permis un bon déploiement autour du poisson, l’ourlet en polyester est fragile et a tendance à se découdre et se déchirer, le lestage des éperviers est trop important et a contribué au mauvais déploiement des voiles. De plus, le dispositif a été immergé sur une courte durée. Un temps d’immersion plus long, comme ce sera le cas dans les conditions réelles de pêche à la palangre, permettrait sans doute un meilleur déploiement de l’épervier, qui sera soumis aux courants, aux turbulences et aux mouvements du poisson qui entraîneront son ouverture.
Le compte-rendu de ces tests est accessible ci-dessous :
4. Perspectives
Cette version V3 se rapproche certainement de la version finale attendue par le projet. Quelques modifications sont encore requises, mais dans l’ensemble, les spécifications déterminées dans le cahier des charges ont été respectées lors de la conception de cette dernière version de l’étui. Le travail qu’il reste à effectuer pour parvenir à une version finale du prototype concerne :
- la modification du tore rectangulaire en un système de mousqueton circulaire
- le renforcement des lames ressorts et de la pince de maintien de l’étui sur l’avançon,
- le développement d’un bourrelet pour assurer un effet levier sur le mousqueton pour l’ouverture du système de fermeture de l’étui,
- la recherche d’un filet adéquat pour l’épervier et sa conception (forme, lestage, taille et tissu pour l’ourlet), afin qu’il occupe le moins de volume possible dans l’étui tout en offrant une protection satisfaisante de la capture,
- l’ajout de segments de fil fin en acier inoxydable sur l’épervier pour en améliorer l’ouverture et la rigidité, et rajouter un effet protecteur lorsque les mammifères marins font de l’écholocation en modifiant la signature acoustique de la capture par l’utilisation de métal
La nouvelle version de l’étui tenant compte des modifications demandées a été réceptionnée mi-décembre 2020. Le filet avec la densité adéquate a également été identifié : il s’agit d’un filet en PEHD avec des mailles de 16mm de côté et un diamètre de fil de 0.8 mm. Un premier aperçu du comportement de l’étui V3_1 et du nouveau filet est visible à la fin de la vidéo suivante :